Voyage Mai 2012

 

Voyage humanitaire en Haïti du 30 avril au 7 mai 2012

 

 

Nous arrivons le lundi 30 avril au soir et le contraste avec ce que nous connaissons est saisissant. Tout d’abord à notre arrivée dans un aéroport en reconstruction, nous nous retrouvons dans une sorte de hangar où un groupe d’hommes en quête de pourboire nous assaille pour nous aider à porter nos bagages. Une personne nous attend heureusement à l’aéroport pour nous emmener à notre hôtel « Doux séjour » à Pétionville. La nuit tombe et notre trajet s’effectue à l’arrière d’une camionnette découverte. Nous prenons alors toute la mesure de la misère de ce pays qui commence tout juste à se reconstruire après le séisme qui l’a durement frappé en janvier 2010.

Le mardi 1er mai, nous en profitons pour nous imprégner de l’ambiance des lieux et acheter de l’artisanat. Nous nous rendons d’abord sur la place du Champ de Mars à Port-au-Prince. De nombreuses tentes ont disparu mais un grand nombre subsiste. Nous restons très peu de temps sur la place en raison de l’insécurité ambiante et repartons très vite continuer nos achats dans les boutiques à ciel ouvert qui bordent tout le long de la route. L’artisanat local consiste en matériel de récupération, le plus souvent en métal découpé, tapé pour lui donner une nouvelle forme puis finement ciselé, poli ou peint dans des teintes vives. Les peintures sur toile enduite abondent également. Nous achetons ainsi un certain nombre d’objets que nous pourrons revendre à France pour faire connaître l’art haïtien et récolter des bénéfices pour l’association.

        

ECOLE ADRIEN MASA DE PETIONVILLE DIRIGEE PAR SŒUR MARIE-JEANNE

Le mercredi matin, nous partons rendre visite à Sœur Marie-Jeanne et aux élèves de son école maternelle et primaire (95 % des établissements scolaires en Haïti sont gérés par des religieux ou religieuses). Le chemin cahotique et caillouteux pour y parvenir traverse un village composé d’abris de tôle et de tentes. Notre arrivée a été préparée et Sœur Marie-Jeanne nous accueille avec des noix de coco fraîches bienvenues pour nous désaltérer. Nous découvrons une personne avenante et débordante d’énergie qui ne ménage pas sa peine pour assurer un certain bien-être aux élèves de son école.  

Nous visitons ensuite les 15 classes dans lesquelles nous sommes également attendues et parfois accueillies par un chant de bienvenue. Les élèves sont entre 60 et 80 élèves par classe, deux classes voisinant parfois dans une même pièce, séparées par un simple rideau ou une cloison. Les enfants portent un uniforme, rose pour le jardin d’enfants (maternelle), bleu pour les primaires. Le créole est interdit dans l’école où les élèves s’expriment uniquement en français. Des enfants de maternelle dorment sur leur table. Lorsque nous interrogeons Sœur-Marie Jeanne, celle-ci nous informe que certains enfants se lèvent très tôt le matin car ils doivent effectuer 2 heures de route pour se rendre à l’école dont les cours commencent à 7H15. 

Classe primaire                               Classe maternelle            

      

Les élèves viennent à l’école par sessions. La moitié des enfants a cours le matin, l’autre moitié l’après-midi. Un repas chaud est assuré à la cantine à midi, quotidiennement composé de riz et de purée de pois.

                       Cuisine                                  Préparation repas

    

Cantine

Nous rencontrons ensuite les enfants parrainés dans le bureau de Sœur Marie-Jeanne. Très impressionnés par notre venue, ils ne sont pas très bavards. Nous sommes très touchées par la maturité et la gravité de ces enfants qui ont déjà conscience que le seul moyen de sortir de la misère et d’espérer avoir un meilleur avenir que leurs parents est de venir en classe et d’étudier.

Hermilus et Chrismonord (enfants parrainés)   Frédéricia et Patricia (enfants parrainées)

      

 

Jameson  (enfant à parrainer)                Béatrice (enfant à parrainer)

     

Un enfant retient tout particulièrement notre attention. Il s’agit de Jameson, petit bonhomme de 5 ans, vif, intelligent et espiègle, assis sur une chaise, dont les pieds touchent à peine le sol, qui nous indique que son souhait, plus tard, est de devenir Président de la République. Nous espérons lui trouver bien vite un parrain ou une marraine.

Nous remettons ensuite aux enfants de l’école les fournitures collectées par le Conseil Municipal Junior de Lançon-Provence. Les élèves sont ravis et reçoivent ce don comme un cadeau. Il faut voir leurs yeux briller devant les feutres, les crayons de couleur, les livres et les cahiers. Nous remettons également un ordinateur à Sœur Marie-Jeanne.

           Distribution fournitures                      Don ordinateur

     

L’école est vétuste, tant les classes que la cour ou la cantine et la cuisine. La seule eau potable consiste en eau de pluie récoltée dans une citerne. Les travaux pour améliorer l’état de l’école sont énormes. Il faudrait amener l’eau potable dans l’école, réaménager les ouvertures et la cour de récréation. Le projet est gigantesque et notre association manque cruellement de fonds pour cette réalisation. Nous nous bornons pour l’instant à l’envoi de livres pour l’aménagement d’une bibliothèque et aux parrainages en attendant de voir ce que nous pouvons faire pour aider cette école dans ses travaux d’aménagement.

Nous avons également le plaisir de constater que la restauration du toit du bâtiment financée par l’association est presque terminée.

Réfection toiture école Adrien Massa

     

ECOLE SAINT-FRANÇOIS-DE-SALES DE SŒUR LOPS A RIVIERE-FROIDE

Dans la même journée, nous nous rendons à l’école Saint-François-de-Sales tenue par Sœur Lops. Sœur Lops est malheureusement absente car elle a dû se rendre à Miami auprès d’une Sœur décédée. Ici, l’école est en totale reconstruction. Nous visitons les locaux provisoires pour les élèves avant de rejoindre les enfants parrainés qui nous attendent.

Nous rencontrons de jeunes gens passionnés et, comme les élèves de Sœur Marie-Jeanne, soucieux de pouvoir continuer à étudier pour obtenir un métier. Deux jeunes hommes, Joseph et Henri sont venus de loin pour nous rencontrer et nous demander de les parrainer. Joseph veut devenir ingénieur civil et Henri, mécanicien. Tous ont en eux la volonté de réussir et une force morale incroyable pour y parvenir. Depuis notre retour, Henri a eu la chance de trouver une marraine, nous espérons qu’il en sera très vite de même pour Joseph qui entre en terminale en septembre.

 Marie-Guerdie, Ogenald et Malie, enfants parrainés

        

                         

               

Anne-Marie et Christine rencontrent leurs filleules. C’est un moment émouvant pour elles. Sancia, la filleule d’Anne-Marie poursuit ses études à l’école de Sœur Lops et habite à côté.

La filleule de Christine habite dans le même quartier. Bachelière, elle suit actuellement des cours d’hôtellerie-restauration en attendant de tenter le concours de l’école d’infirmière à la fin de l’année 2012. Sa journée se décompose de la façon suivante :

- Elle quitte la maison à 5H00 du matin pour se rendre à l’école dont les cours commencent à 7H00 et effectue donc 2H00 de trajet en taptap

- Elle suit ensuite les cours de 7H00 à 16H00 puis rentre chez elle (2H00 de trajet pour le retour)

- Elle aide sa mère à la maison et, lorsque tout le monde est couché, elle fait ses devoirs.

- Le samedi, elle suit des cours informatiques.

      

                                                 

Lors du retour, nous traversons la commune de Carrefour. La misère est visible à tous les coins de rue ainsi que tout le long du trajet. La saison des pluies a commencé et n’arrange pas la situation.

 

  

 

 JARDIN D’ENFANTS DE SŒUR POLONNE A CAZEAU

 

Pour parvenir au jardin d’enfants de Sœur Polonne, le vendredi, le trajet est long et difficile. Nous mettons entre 3H à 3H30 pour effectuer le parcours d’une dizaine de kilomètres environ. Ici, d’ailleurs, les trajets ne se comptent pas en kilomètres mais en temps. Nous arrivons donc en retard à notre rendez-vous et la plupart des enfants sont déjà rentrés chez eux.

 

Le jardin d’enfants (école maternelle) compte 250 enfants répartis sur 4 classes d’une soixantaine d’enfants chacune et comptera deux classes supplémentaires à la rentrée de septembre. Les enfants vont à l’école de 8H à 12H tous les jours de la semaine sauf le vendredi, de 8H à 11H. L’après-midi est consacré à des formations pour adultes : couture, pâtisserie, broderie. Mais certains enfants fréquentent l’école l’après-midi également lorsque les parents travaillent et restent alors en garderie, à titre gratuit, jusqu’à leur retour.

Jardin d’enfants Sœur Polonne à Cazeau

Sœur Polonne est une personne pleine d’entrain et de dynamisme. Elle nous fait part de son souhait de reconstruire l’école, en partie détruite lors du séisme, sur un autre terrain mais le coût de l’achat de ce dernier est rédhibitoire : 115.000 dollars US, et d’un abri en dur au lieu des tentes pour 25.000 dollars US.

 Sœur Polonne à droite

 

En effet, deux classes ont été aménagées en plein air sous des abris bâchés grâce à l’aide financière de notre association. Les sœurs dorment dans un petit préfabriqué sans fenêtre. Elles prennent leurs repas sous une tente et ont installé une petite chapelle sous une autre tente.

Dans un premier temps, nous décidons de participer à l’achat d’équipement scolaire : bureaux, tables, chaises…

 

 ECOLE CŒURS UNIS DE MELESSE GRACIA A TABARRE

L’après-midi, nous nous rendons à Tabarre pour visiter l’école de Mélesse Gracia. Perdue au milieu de nulle part, l’école qui accueille 860 élèves consiste en un grand hangar dans lequel sont réparties 6 classes de 60 à 70 élèves. Comme chez Sœur Marie-Jeanne, la moitié des élèves fréquente l’école le matin et la seconde moitié l’après-midi. Ici aussi, tous les enfants sont assurés de recevoir un repas chaud à midi composé également de riz et de pois.

L’école aurait besoin d’une clôture, d’une cuisine et d’une cantine dignes de ce nom (les enfants prennent leur repas sur leur pupitre) et de l’aménagement d’un terrain de sports. Nos moyens financiers ne nous permettant pas d’engager de telles dépenses, nous décidons dans un premier temps, de participer à l’achat de réchauds, ustensiles de cuisine et de denrées alimentaires pour la cantine.

 

CENTRE COMMUNAL DE KENSCOFF

 ET ECOLE DE LA TREMBLAY A LA CROIX DES BOUQUETS

Le samedi, nous nous rendons avec David et Virginie du GAFE (Groupe d’Action Francophone pour l’Environnement) au centre communal de Kenscoff où a lieu la remise des diplômes aux matrons et matronnes (sages-femmes) qui ont suivi une formation de préparation à l’accouchement financée par les communes de Salon-de-Provence et de Lançon-Provence.

Les quartiers de la commune étant très éloignés les uns des autres, parfois en pleine montagne sans accès par la route, les sages-femmes et sages-hommes de la région effectuent de longs trajets à pied pour se rendre chez les patientes.

Lorsqu’une femme est sur le point d’accoucher, il n’est pas rare que les familles utilisent l’écho pour appeler la sage-femme.

Nous rencontrons aussi le maire de Kenscoff et l’administrateur de Nouvelle-Touraine ainsi que le responsable des travaux qui remercient l’association de l’aide financière qu’elle a apporté, en partenariat avec le Conseil Général des Bouches-du-Rhône, pour la reconstruction de l’école de Nouvelle-Touraine.

   

   

          

  

 

Nous visitons ensuite le centre communal de Kenscoff qui possède un office de tourisme, un comptoir d’artisanat, un centre multimédia, une bibliothèque et une cafétéria : http://www.cickhaiti.com

      

   

Après la remise des diplômes et un excellent repas local, nous prenons la route avec David et Virginie en direction de l’école de la Tremblay à la Croix des Bouquets à la reconstruction de laquelle notre association a contribué. Nous assistons alors à un spectacle donné par les élèves de l’école. Puis nous nous rendons chez Virginie et David pour discuter des projets de l’association avec le Gafe.

A l’automne, Patrice CASTEL, membre du Conseil d’Administration de l’association et sapeur-pompier, se rendra à Kenscoff pour assurer une formation aux premiers secours pour les matrons et matronnes. Mme BLANC, membre de l’association devrait également venir donner une formation aux matrons et matronnes.

L’association vient d’envoyer le financement nécessaire à l’achat de deux déshumidificateurs pour la bibliothèque de Kenscoff qui souffre des conditions climatiques humides de la région. Par la suite, nous comptons permettre à cette même bibliothèque de s’équiper en ouvrages d’auteurs haïtiens qui font cruellement défaut même si la bibliothèque, grâce à l’envoi de livres auquel a participé l’association, comporte déjà un bon fonds mais essentiellement d’auteurs français.

Nous avons ensuite passé la journée du dimanche avec Sancia et Marie-Guerdy avant de reprendre notre avion le lundi matin.

De gauche à droite : Anne-Marie, Présidente, Odonel et Tibo, nos chauffeurs,Christine, vice-Présidente et Christelle, trésorière

 

Ce voyage, souvent éprouvant psychologiquement, a été également l’origine de belles rencontres que ce soit avec les enfants, nos contacts sur place qui ne ménagent pas leurs efforts pour assurer une scolarité aux enfants haïtiens, David et Virginie qui mettent tous les moyens à leur disposition pour faire évoluer les mentalités et le pays, sans oublier nos sympathiques chauffeurs, Odonel et Tibo.

Nous revenons de ce voyage avec encore davantage d’énergie et de motivation car nous avons eu la confirmation que les actions que nous menons ne sont pas vaines et constituent un véritable espoir pour l’avenir des enfants haïtiens. Et comme le dit si bien la devise haïtienne : « L’Union fait la force ».

Anne-Marie BIGOT, Présidente

Christine TIBERIO, Vice-Présidente et secrétaire

Christelle MARTINET, Trésorière